TITAN PARANO: TP (2010)
Personnel :
David Peuvrel : chant, guitare, banjo, guimbarde, lap steel, Dobro
Sam Beaucourt : basse, chœurs
Steve Peuvrel : batterie, percus, chœurs
Titles :
01 21st Century Man
02 Track The Hurricane
03 Black Coyote/Wounded Knee
04 Dust
05 Rattlesnakes
06 Highly Toxic Lake
Vous devez commencer à savoir que, de temps à autre, j'aime bien explorer quelques voies musicales inédites. Cette fois, l'occasion m'en a été donnée par Sam Beaucourt, aussi occasionnellement complice de Christophe Marquilly à la basse, à qui je dois cette découverte dont il est un des artisans.
Titan Parano essaie de mettre en place une musique représentative du folk/country/rock/blues des plaines (ils appellent ça de l'indie folk rock) évoquant l'esprit indien qui continue d'y flotter. On peut d'ailleurs remarquer la prononciation anglaise du titre de l'album et des initiales du groupe (ti-pi). Cela donne ce mini album, très court, mais très prenant, qui délivre une musique originale et très ouvragée qui pourrait plaire à certaines oreilles sudistes, en particulier celles qui ont jadis traîné avec bonheur sur les sillons gravés par des groupes comme Redbone, qui avaient inclus certains rythmes typiquement indiens au fil de quelques morceaux.
Les premières notes ne surprendront pas les aficionados de Neil Young, puis, rapidement, l'alchimie de Titan Parano se met en place, avec une construction instrumentale lancinante et des chœurs très travaillés. On a à peine le temps de réaliser que le premier morceau, "21st Century Man" –et non, il n'est pas schizoïde!-, est fini, que c'est déjà foutu : on est entraîné dans l'univers hypnotique du groupe, malgré l'intro déroutante du titre suivant, "Track The Hurricane", qui redémarre ensuite rapidement sur fond de mandolines et aboutit à un final tout aussi envoûtant, à base de mélopées et chœurs aux vibrations très indiennes. Le (double) titre suivant explore des atmosphères plus traînantes où la lap-steel dessine le paysage façon country paresseuse. Suivent quelques secondes de guimbarde ("Dust") évoquant les grands espaces déserts d'une façon qui rappellera aux cinéphiles les meilleurs westerns spaghetti illustrés par la musique d'Ennio Morricone, avant de s'attaquer aux dangereux "Rattlesnakes", avec toujours ce côté lancinant d'une cérémonie sacrée menée par un chamane. Et on aura bien besoin de ça pour se guérir du "Highly Toxic Lake" qui clôt l'album sur une association mandolines/harmonica qui introduit de graves tambours appelant à la façon indienne les guerriers à résister.
Que nous réserve désormais Titan Parano du fond de son teepee ? Il est sûr qu'après cet opus, on attend un "vrai" album pour se faire une idée plus étendue du potentiel du groupe, mais en attendant, ceux qui ont l'esprit curieux et de la sympathie pour la nation indienne et ses rythmes, si cela les… tente, peuvent sans crainte aller jeter une oreille sur ce TP, un travail original et créatif qui recèle quand même une certaine qualité, et même une qualité certaine. Séduisant.
Y. Philippot-Degand